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MOUSTACHE BROTHERS

 

Assez méconnus dans leur pays hormis dans leur ville, Mandalay, les Moustaches Brother ont acquis une certaine notoriété internationale principalement aux Etats-Unis et sont souvent cités en exemple pour leur résistance à la junte militaire.

Les deux frères ainés cumulent à eux seul plus de 16 ans de travaux forcés pour leurs prises de position et diverses actions. Issus d’une longue lignée de saltimbanques, ils ont pris, à leurs tours, le flambeau familial voilà plus de 40 ans. Avec leur troupe de théâtre traditionnel et folklorique, ils ont sillonnés le Nord du pays de longue années durant, mêlant danse traditionnelle et conte légendaire des anciennes dynasties ayant gouverné le pays.

Les excès de la junte leur étant de plus en plus insupportable, ils ont commencés à insérer  un peu de satire au cœur de leur représentation. Leurs succès et leurs verves ont très rapidement attirés la foudre du pouvoir, et les condamnations ne se firent pas attendre, venant à bout des forces de l’ainé maintenant âgé de près de 70 ans.

Leur dernier outrage public remonte à 2007 où bravant les interdictions, ils ont fait une représentation pour le moins corsée devant la maison d’Aung San Sue Kyi, alors en résidence surveillée. Grâce à l’appui international et à la volonté de la junte de prouver, au monde, sa volonté d’ouverture vers un système « démocratique », ils n’ont eu pour peine que l’interdiction de rejouer sur la place publique.

Aussitôt dit, aussitôt fait, la maison familiale fût immédiatement transformée en théâtre. Mais face à la pression exercée par le pouvoir, non seulement sur eux mais surtout sur les birmans se rendant à leurs représentations (les services secrets campaient en permanence devant la maison et interrogeaient, voire emprisonnaient, toute personne y allant), ils ont cessé de jouer devant leurs compatriotes. Ils ne se produisent donc plus que devant les touristes, assez peu nombreux (nous étions 4 le soir où nous y sommes allés), afin de s’assurer quelques revenus.

Aujourd’hui, seul le dernier de la fratrie, jamais condamné, prend la parole afin comme il le dit lui-même de partager les responsabilités. Et on peut dire qu’il n’y va pas avec le dos de la cuillère, c’est parti pour une heure alternant entre potache, engagement politique virulent et danse folklorique.

Les revenus de la junte ? Main mise sur toutes les matières premières du pays et commerce international d’héroïne. L’ouverture démocratique annoncée ? Un leurre, les mêmes dirigeants se retrouvent au pouvoir en ayant juste changé de costume. Etc etc… L’un des seuls lieux en Birmanie où on exprime son avis politique ! Et pour le coup sans langue de bois, avec un courage extraordinaire.