Bago
Bago
Première étape au sud, Bago, une capitale régionale regorgeant de lieus de culte divers et variés. Là encore la junte a laissé son empreinte, en demandant à chaque touriste de s’acquitter de 10 dollars pour avoir accès aux sites de la ville. N’étant pas chauds chauds pour les laisser palper ces billets verts, les birmans nous viennent en aide. Deux pseudo-guides (comme le sont presque tous les birmans !) nous proposent de nous emmener voir ces sites sans passer par les entrées principales, et d’éviter ainsi les contrôles militaires. Nous voilà donc partis pour une bonne matinée de vadrouille en scooter, à la découverte de bouddhas, stupas, pagodes, monastères… autant de lieux dans lesquels nous ne serions certainement pas allés sans leur conseil, n’étant pas des fanatiques d’édifices religieux !
Premier étonnement, un bouddha couché de près de 70 mètres de long, et quatre autres assis de 40 mètres de haut. Nous sommes impressionnés par ces tailles, mais la suite du voyage nous amènera de plus grandes surprises encore !
Passant par le second plus grand monastère de Birmanie, nos guides nous informent sur les grandes lignes du fonctionnement du bouddhisme birman.
Ainsi chaque homme se doit d’être moine novice deux fois dans sa vie, une fois avant vingt ans, une fois après.
- « Vous croyez que c’est facile d’être moine, logé nourrit blanchi ? » nous demande notre guide .
- « Hum, ce n’est peut-être pas la vie qu’on choisirait, mais… »
- « Et bien détrompez-vous, c’est très dur ! Les moines doivent suivre 10 préceptes principaux, même les novices, plus quelques 200 règles pour les confirmés…
Parmi les principaux préceptes, les moines ne doivent pas tuer, voler, mentir…
-« Ok, jusque là cela fait partie des commandements de beaucoup de religions non ?! »
-« Oui mais ce n’est pas tout ! Le pire, c’est qu’on ne peut ni boire ni avoir de relations sexuelles !! »
-« … ??!! »
-« Oui oui, et sachez quand même que près de 80% des birmans boivent tous les jours ! Vous comprenez le calvaire du noviciat ?! »
-« Effectivement, sans le sang du Christ on aurait sans doute eu moins de chrétiens ! »
Grâce à notre guide bouddhiste (mais pas trop !), nous assistons à un évènement vers lequel se presse un foule dense depuis le matin. Les obsèques de deux grands moines de la ville, décédés quelques jours auparavant à une heure d’intervalle (cette précision est importante, les moines les plus éveillés étant dit avoir la possibilité de choisir d’eux-mêmes l’instant de leur « sortie corporelle définitive »). La cérémonie, loin de notre conception chrétienne, s’avère être une grande kermesse. Ballons pour les enfants, marché, stands de nourriture en pagaille, et dans une grande salle les deux cercueils en or sont balancés au gré de rythmes musicaux délivrés par une sono assourdissante, tandis que des hommes costumés miment le passage des âmes dans l’au-delà. Dans le bouddhisme la mort n’est pas une fin mais un passage vers d’autres vies, ou le nirvana pour ceux ayant atteint l’état d’éveil suprême. Point de pleurs donc, mais une grande liesse !
Illustration de ces passages vers d’autres vies, le monastère du serpent. Perdu dans les rizières de Bago, ce monastère a pour vedette un python de près de cinq mètres de long. Le reptile est sensé être la réincarnation d’un moine revenu sous cette forme pour attirer des offrandes susceptibles d’agrandir le monastère. L’histoire veut que le défunt moine avait prévenu l’un de ses amis, moine dans ce même monastère, qu’il reviendrait en ce lieu réincarné en serpent. Depuis les croyants se pressent pour obtenir les bonnes grâces de la bête, qui, somnolente, reçoit sur ses écailles de nombreux billets. (Tellement somnolente que Marko n’en a même pas eu peur, c’est dire !)
Fin de la virée à Bago, nous ne sommes pas loin du rocher d’or, haut lieu de spiritualité en Birmanie, sans doute le plus visité du pays. Mais ayant eu notre compte de lieux saints et de reliques, nous le remettons à plus tard et poussons plus au sud…